Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 7.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nouvelle-Zélande, qui s’est chargé de préciser le premier, à la conférence impériale même, un plan de constitution fédérale. Dès sa première séance, il a présenté un projet de résolution qui portait en termes d’apparence modeste :

Que l’Empire est maintenant arrivé à un degré de développement qui rend expédient l’institution d’un Conseil d’État impérial, comprenant des représentans de toutes les parties de l’Empire se gouvernant elles-mêmes, et chargé de donner des avis, en théorie et en fait, au gouvernement impérial sur toutes les questions affectant les intérêts des Dominions de Sa Majesté au-delà des mers.

Il semble qu’il ne s’agisse que d’un conseil consultatif, mais, en réalité, c’est un véritable Parlement fédéral que sir Joseph voudrait constituer. C’est ce que montre l’exposé développé qu’il en a fait et dont nous empruntons les principaux passages au compte rendu officiel de la conférence[1] :

Le Canada, l’Australie, l’Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, Terre-Neuve nommeraient des membres d’une Chambre impériale des représentans, sur la base d’un membre par 200 000 âmes de population. Ceci donnerait 37 membres au Canada, 25 à l’Australie, 7 à l’Afrique du Sud, 6 à la Nouvelle-Zélande, 2 à Terre-Neuve. Le mode d’élection des représentans serait laissé au choix de chacun des Dominions. Le Royaume-Uni nommerait ses représentans sur les mêmes hases, ce qui lui donnerait 220 membres (sur un total de 297). Ces membres seraient élus pour cinq ans. Le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie, l’Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, nommeraient deux représentans, chacun, au Conseil impérial de Défense, ou Chambre haute.

À l’énoncé de ces étonnantes propositions, où le représentant des neuf cent mille habitans d’une possession lointaine, perdue dans le Pacifique, conviait la vieille Angleterre et son vénérable Parlement à abdiquer leur souveraineté entre les mains d’un nouveau Conseil fédéral, le premier ministre de la Grande-Bretagne ne put retenir une exclamation, que mentionne le compte rendu officiel. « Ainsi, s’écria M. Asquith, le Royaume-Uni aurait là deux représentans et les Dominions dix ! » Mais le Premier néo-Zélandais continua imperturbablement :

Sir Joseph Ward dit que les fonctions de cette Chambre haute seraient surtout consultatives. Il y aurait, en outre, un exécutif, — un ministère impérial, — ne comprenant pas plus de 15 membres, dont un seul serait

  1. Compte rendu reproduit par le Times des 24 et 26 mai 1911.