Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 7.djvu/876

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Où les feuillages sont tourmentés par le vent,
Mais où, parfois, l’été, du côté du levant.
On voit poindre un azur si délicat, si tendre,
Que, par la nostalgie, il nous aide à comprendre
La clarté des jardins où Platon devisait,
La cour blanche où Roxane attendait Bajazet,
La gravité brûlante et roide des Vestales
Qu’écrasait le fardeau des nuits monumentales ;
La mer syracusaine où soudain se répand
— Soupir lugubre et vain que la nature exhale, —
Le cri du nautonier qui vit expirer Pan…
— Oui c’est vous mon destin, Paris, cité des âmes,
Forge mystérieuse où les yeux sont la flamme,
Où les cœurs font un sombre et vaste rougeoîment,
Où l’esprit, le labeur, l’amour, l’emportement,
Elèvent vers les cieux, qu’ils ont choisis pour cible,
Une Babel immense, éparse, intelligible.
Cependant que le sol, où tout entre à son tour.
En mêlant tous ses morts fait un immense amour !


EN SICILE


J’ai connu la beauté plénière,
Le pacifique et noble éclat
De la vaste et pure lumière,
A Palerme, au jardin Tasca.

Je me souviens du matin calme
Où j’entrais, fendant la chaleur,
Dans ce paradis sous les palmes
Où l’ombre est faite par des fleurs.

L’heure ne marquait pas sa course
Sur le lisse cadran des cieux,
Où le lourd soleil spacieux
Fait bouillonner ses blanches sources.