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Si nos revers avaient pu faire naître et ancrer cette nécessité de la discipline en nos esprits, nous bénirions nos revers ! Un peuple qui ne tirerait pas de son infortune les leçons qu’elle comporte et s’obstinerait dans ses fautes et dans ses erreurs, serait un peuple indigne de toute estime, un peuple perdu.

Ce n’est pas tant la défectuosité de l’armement, l’infériorité numérique des troupes, le désordre des préparatifs qui rendent les catastrophes inévitables, c’est surtout l’absence des vertus morales qui forment l’ossature et l’âme d’une nation : la discipline, le respect, l’union, la, foi en un idéal et en une religion, l’amour de la patrie, le consentement au sacrifice de soi-même. « Sommes-nous donc des lâches ? criait Fichte à ses concitoyens en 1807. Ne voulons-nous vivre que pour nous-mêmes ? Ne sommes-nous pas la semence d’où sortiront un jour de nombreux descendans ? N’avons-nous pas la meilleure raison de vivre : nos enfans et la préparation pour eux de jours meilleurs ? » Appliquons à nous-mêmes ce viril appel du philosophe allemand et que nos ennemis eux-mêmes nous servent de salutaire exemple !… Oui, c’est à nos enfans, c’est-à-dire à la France d’aujourd’hui et de demain qu’il nous faut penser toujours. Cette pensée constante fera la force indestructible de notre pays ainsi que notre honneur et notre consolation suprêmes.


HENRI WELSCHINGER.