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été soucieuse avant tout de la forme, elle n’aurait rien commandé avant le vote définitif des crédits ; légalement, d’ailleurs, elle ne pouvait pas faire de commande ferme. Alors elle s’est adressée au patriotisme des constructeurs, et leur a dit à peu près : « Je ne peux pas encore vous commander des appareils, mais je vous promets de le faire, dès que je serai en possession des crédits qui seront certainement votés. Mettez-vous donc à l’œuvre, et vous aurez rendu au pays un service signalé. Il m’est d’ailleurs impossible de vous faire aucune promesse ferme en ce qui concerne la confirmation de la commande, et encore moins au sujet de la date des paiemens. » Il s’est trouvé en France, heureusement, un nombre suffisant de constructeurs pour répondre à cet appel ; mais tous n’en ont pas eu la possibilité. Seules, les maisons disposant de capitaux importans ont été à même de faire ainsi crédit à l’Etat. C’est une des raisons qui peuvent expliquer le nombre relativement restreint d’aéroplanes commandés en 1911. On conviendra qu’il n’y a ici qu’un seul responsable, le parlement, qui, en mettant au vote du budget de 1911 la lenteur légendaire que l’on se rappelle, a rendu difficile la tâche de toutes les administrations et compromis les intérêts du pays.

D’autre part, on regardait comme un dogme, il y a un an, de dire que les aéroplanes ne coûtaient presque rien, et c’était là, on s’en souvient, un grand argument contre les dirigeables. Un de ces derniers, disait-on, coûte au moins 400 000 francs ; avec tous les accessoires, il faut compter 1 million. En payant 20 000 francs les aéroplanes, on en aura d’excellens ; on peut donc s’en procurer cinquante pour le prix d’un seul dirigeable. L’expérience a appris qu’il fallait en rabattre, et ici je cite textuellement un extrait du rapport de M. Clémentel : « On avait cru que l’aviation n’exigerait que de faibles dépenses ; c’est une opinion dont l’expérience démontre la fausseté. La durée des appareils et des moteurs est courte ; les accidens sont fréquens, les frais d’entretien, de grosses réparations sont considérables, les dépenses d’huile et d’essence sont importantes. Il convient donc de ne pas se dissimuler que l’aviation pèsera sur nos budgets plus lourdement que nous ne l’avions pensé, et ce d’autant plus qu’on lui demandera davantage. »

Je ne serais pas étonné si, en tenant compte des hangars, ides terrains nécessaires à l’aviation, et de tous les accessoires,