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exigences seront réduites sous le double rapport de l’altitude et du rayon d’action, les petits dirigeables et les aéroplanes sont dès maintenant susceptibles de rendre des services. » En ce qui concerne ces derniers « comme ils sont en voie d’évolution et de progrès rapides, ces services augmenteront tous les jours. »

Avec quelle rapidité et dans quelle proportion devaient augmenter ces services rendus par les aéroplanes avant qu’ils eussent réalisé le type idéal de l’aéronef militaire ? Il était difficile de le prévoir, et j’avoue en toute sincérité qu’à l’époque où j’écrivais les lignes qui précèdent, je n’attachais pas à ces services une importance capitale. On devait en profiter en passant, mais le véritable intérêt que présentaient les aéroplanes au point de vue militaire, c’est qu’un jour ils devaient, à moins de frais, remplir le rôle dévolu à l’heure actuelle aux seuls dirigeables de gros volumes.

En aviation, quelque optimiste que l’on soit, on est toujours, depuis quelques années, trompé dans le bon sens ; c’est ce qui m’est arrivé. Les aéroplanes seront plus tôt que je ne le pensais il y a dix-huit mois, de vrais aéronefs militaires, et, en attendant, les services que, tels qu’ils sont, ils peuvent rendre aux armées sont plus considérables que je ne l’avais supposé.

C’est une constatation dont il n’y a qu’à se réjouir. Toutefois, il ne faudrait pas s’exagérer l’importance de ces services. On a été jusqu’à dire que les aéroplanes amèneraient la suppression de la cavalerie, une opinion mal fondée, dont M. Clémentel a fait justice dans son rapport sur le budget de la Guerre de 1912 ; ses conclusions à ce sujet ont été appuyées par la haute autorité du général Langlois.

Dans un autre ordre d’idées, on a prétendu qu’ils constituaient pour l’artillerie un mode de réglage de tir si merveilleux qu’une armée qui en serait munie d’une façon complète serait invincible. J’ai entendu des officiers tellement convaincus de ce fait, qu’à les croire, il n’y avait plus besoin de s’occuper d’autre chose.

Leur raisonnement était très simple : « Grâce à l’aéroplane, disaient-ils, l’artillerie tire à coup sûr. Dotons chacune de nos batteries de-campagne d’un ou deux aéroplanes, et pour cela de petits monoplaces tels que nous les avons aujourd’hui suffisent amplement. Supposons notre artillerie disposée sur un Iront de vaste étendue, avec ses batteries dont le tir serait ainsi réglé