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membres, à sauvegarder l’égalité une fois établie entre les différens feux, quant aux dimensions de leurs lots, sans s’occuper en même temps des besoins de la terre elle-même. Cette insouciance devait fatalement provoquer une diminution de rendemens, et c’est ce qui arriva.

La plupart des Etats d’Europe, dès la seconde partie du XVIIIe siècle, ont pris des mesures pour débarrasser de toute entrave l’activité rurale. En Angleterre et en Ecosse, la tendance à réformer les anciens ordres agraires date des XVIe et XVIIe siècles. En Suède, la première loi relative à la séparation de la commune a été publiée en 1749, et au Danemark en 1781. En Prusse, les mêmes mesures ont commencé sous Frédéric le Grand (instructions et règlemens de 1752, 1763, 1765, 1771) et la répartition définitive des ferres communales y a été confirmée et sanctionnée par la loi de 1821. Des mesures analogues furent prises dans d’autres États de l’Europe.

La grande réforme russe du 19 février 1861 avait pour but d’assurer aux paysans la liberté du travail ; elle devait à la fois contribuer au développement de leur bien-être personnel et à la prospérité générale du pays. L’expérience de plus d’un demi-siècle a prouvé qu’il n’y a qu’un moyen d’atteindre ce but : c’est de libérer le travail de la dépendance de la commune, du mir, qui opposait jusqu’ici un obstacle insurmontable à l’activité des paysans. La tutelle du mir jugulait cette force vitale sur laquelle Alexandre II, dans son manifeste, avait fondé plus d’espoir que sur la plus parfaite des lois.

Supprimer cette entrave économique, donner aux paysans la possibilité de se consacrer librement à l’amélioration de la culture de leurs terres, tel est le but de la nouvelle organisation agraire, dont les voies sont tracées par la volonté de l’Empereur régnant et qui est placée sous son haut patronage.


L’ORGANISATION AGRAIRE

Les imperfections de l’exploitation rurale, qui apparaissaient de façon marquée les années de mauvaises récoltes, devaient attirer l’attention du gouvernement et du pays.

A la fin du siècle dernier les questions rurales étaient très étudiées en Russie ; elles avaient donné naissance à un grand