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LA RÉFORME AGRAIRE
EN RUSSIE

Les faits même les plus importans, qui intéressent la vie intérieure d’un pays, n’offrent généralement rien de bien sensationnel ; c’est pourquoi, sans doute, ils sont moins connus qu’ils ne devraient l’être. Ils modifient parfois profondément l’âme d’un peuple, sans que d’autres peuples aient été utilement et exactement renseignés sur la genèse de cette rénovation.

Certes, à notre époque, des faits de cette nature ne sauraient passer complètement inaperçus ; mais on les connaît mal, si même on ne les ignore pas. Aussi peut-on dire, sans être taxé d’exagération, que la réorganisation agraire poursuivie en Russie, depuis plusieurs années, n’a pas été jusqu’ici sérieusement étudiée en France.

On conçoit cependant aisément tout l’intérêt qui s’attache, pour la nation « amie et alliée, » pour la France, si vraiment éprise de progrès, si justement fière de sa population rurale et de sa production agricole, à une réforme russe qui, par son but comme par ses moyens, légitime toutes les espérances, et par cela même mérite à tous égards d’appeler et de retenir l’attention.

L’œuvre commencée il y a quatre ans par le gouvernement russe a pour but le relèvement économique de la classe la plus nombreuse, celle des paysans. Elle est d’une importance exceptionnelle pour la Russie. En créant la petite propriété qui