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L’ÉVOLUTION DU LOGEMENT
DEPUIS SEPT SIÈCLES[1]

Bien qu’il y ait quelque différence entre le « seigneur » d’aujourd’hui, qui descend d’automobile à sa porte pour gagner son appartement en ascenseur, et le riche propriétaire du moyen âge, devant qui se baissait le pont-levis lorsqu’il rentrait à cheval dans son donjon, il semble que le logement soit celui de nos besoins que les découvertes modernes aient le moins transformé dans sa substance.

C’est en tout cas celui qu’elles ont le moins nivelé : visitez les taudis et les palais à Paris ou, dans les campagnes, certains châteaux et certaines chaumières ; allez, de chez ceux qui n’ont rien à perdre, chez ceux qui n’ont rien à souhaiter de ce qui constitue, dans l’opinion commune, le charme d’un foyer, vous vous demanderez si l’inégalité entre les hommes est jadis allée plus loin, et si la civilisation, au lieu de l’atténuer, ne l’a pas accrue en ce domaine.

Il est bien vrai que nous ne constatons ici aucune de ces innovations capitales qui ont révolutionné la nourriture ou le vêtement, l’éclairage ou les transports : un champ est trois fois plus prodigue de blé qu’il y a cent ans, mais une carrière n’est pas trois fois plus prodigue de pierres ; le tisserand fabrique dans sa journée vingt fois plus de mètres d’étoffes que jadis, mais le maçon n’édifie pas vingt fois plus de mètres de murs. Les privilégiés de la fortune ont pu payer tous les supplémens

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 septembre 1910.