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qu’il a de ses services, l’a nommé et nomme pour exercer immédiatement sous ses ordres la place de directeur général de ses finances[1]. »

Le matin du même jour, Taboureau écrivait à sa sœur, Mme de Riancey : « Je sais qu’à quatre heures le Roi acceptera ma retraite, que je lui offris il y a huit jours. Je n’irai au contrôle qu’incognito, pour y prendre mes papiers. Je m’établis à Passy. » Et en effet, dès le lendemain lundi, Necker transportait ses pénates à l’hôtel du Contrôle, situé rue Neuve-des-Petits-Champs. Après sept mois de stage et d’autorité mitigée, il avait enfin les mains libres. On allait le juger à l’œuvre.

Une année tout entière avait été perdue depuis le renvoi de Turgot. La France entrait maintenant dans la seconde période de l’immense entreprise, du succès de laquelle allait dépendre le salut de la monarchie séculaire. Elle y entrait avec moins d’espérance sans doute, moins d’enthousiasme, moins d’élan que trois années auparavant, à l’aube du nouveau règne, mais avec plus de réflexion, avec le calme et le sérieux qui naissent de l’expérience acquise, du souvenir d’un récent mécompte, avec une sorte de bonne volonté tempérée de mélancolie. Bon nombre de contemporains semblent avoir dès lors compris que, suivant l’expression célèbre, il n’était « plus une seule faute à commettre, » qu’une déception nouvelle conduirait immanquablement aux abîmes redoutés.


SEGUR.

  1. Le Salon de Mme Necker, par le comte d’HaussonvilIe, t. II.