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AU
COUCHANT DE LA MONARCHIE[1]

VII.[2]
LA SUCCESSION DE TURGOT


I

Le renvoi de Turgot marque la date la plus considérable du règne de Louis XVI, avant l’époque de la Révolution. L’ancien régime, un instant menacé, opère alors un retour offensif. Si Ion veut oublier les questions personnelles, — rancunes, vengeances, intrigues de Cour, — pour considérer en lui-même l’événement du 12 mai 1776, on y reconnaît avant tout l’échec définitif de ce que le jargon du temps nomme « le système physiocratique, » c’est-à-dire du corps de doctrines chères aux économistes, l’échec du vaste plan de réformes sociales lentement élaboré au cours du dernier demi-siècle. Composé de penseurs, d’hommes réfléchis, instruits et bien intentionnés, ce parti, depuis des années, constituait pour la France une sorte de réserve. Nombre de gens, dans les hautes classes et dans la bourgeoisie, s’accrochaient à l’espoir de trouver dans cette grande école les formules efficaces qui remédieraient aux abus et guériraient les plaies invétérées, la magique panacée qui procurerait la rénovation du royaume. Maintenant, ce rêve s’était

  1. Copyright by Calmann-Lévy, 1911.
  2. Voyez la Revue du 1er novembre 1909.