Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 7.djvu/184

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

recettes ont été bonnes en 1908, 1909, 1910. Depuis 1911, elles progressent moins.

L’industrie du fer et de l’acier, qui, aux États-Unis comme ailleurs, peut servir de baromètre, est dans une situation assez satisfaisante. Toutefois, les commandes se sont ralenties au cours de l’été et la Corporation de l’acier ne travaille qu’à 76 pour 100 de sa capacité totale. La production des métaux continue à se développer : celle de l’or s’est élevée en 1910 à 144 000 kilogrammes ; celle de l’argent 1 745 000 kilogrammes ; celle du cuivre à 527 000 tonnes ; celle du zinc à 250 000 tonnes ; celle du plomb à 353 000 tonnes ; celle de la houille à 360 millions de tonnes métriques. Quant aux produits agricoles, on estime pour 1911 à 240 millions d’hectolitres la récolte de froment ; à 1 milliard d’hectolitres celle de maïs, et celle du coton à 12 millions de balles.

Cet ensemble de statistiques nous montre que la grande République, dont la population, d’après le dernier recensement, approche de 100 millions d’âmes, poursuit, sur la route du progrès économique, la marche triomphale à laquelle elle nous a habitués. Toutefois, elle n’échappe pas aux difficultés qui se présentent chez elle sous un aspect différent de celui qu’elles revêtent en Europe, mais qui n’en sont pas moins sérieuses. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, la libre initiative des individus n’avait pour ainsi dire pas été contrariée aux États-Unis. Elle avait donné des résultats merveilleux : c’est à elle en particulier qu’a été due la création du réseau des chemins de fer, qui dans beaucoup d’autres pays n’a pu se constituer qu’avec l’aide ou l’intervention de l’État. Tout en rendant ainsi à leur patrie des services inappréciables, les hommes hardis qui furent à la tête des entreprises conçues et exécutées par eux en retirèrent d’énormes bénéfices. Le champ était immense ; les richesses naturelles du continent, notamment au point de vue minier, pour ainsi dire inépuisables. Aussi un prélèvement minime sur des masses pareilles a-t-il constitué, pour un certain nombre de familles, des patrimoines auprès desquels ceux des grands seigneurs de l’ancien monde paraissent mesquins. En outre, les Américains, qui sont de remarquables organisateurs, ont cherché à simplifier les rouages, à grouper les industries similaires, à fortifier leur action en diminuant la concurrence, à concentrer dans les mêmes mains les matières premières et les