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expressément consenti, dans les traités de ce genre conclus par la métropole.

Ces droits leur sont, depuis plusieurs années, formellement reconnus : dans tous les traités de commerce récens négociés par le Royaume-Uni, il est stipulé qu’ils ne s’appliqueront aux colonies que si elles y adhèrent elles-mêmes. Ceci ne satisfait pourtant pas pleinement sir Wilfrid Laurier. Il ne lui suffit pas que l’avenir soit assuré, il voudrait revenir sur le passé, et faire modifier une douzaine de traités anciens, où ne figure pas la clause de l’exemption des colonies. La question est d’importance pour elles parce que, si elles accordent des faveurs à un autre pays, les puissances signataires de ces douze traités sont endroit de réclamer le même traitement au nom de la clause de la nation la plus favorisée. Appuyé par M. Fisher, il a obtenu de la conférence un vote en ce sens et le gouvernement britannique va s’employer auprès des puissances intéressées pour aboutir à la dénonciation desdits traités en ce qui concerne les Dominions. Ce vote a provoqué la tristesse indignée du Times qui, se faisant le porte-parole des impérialistes purs, affirme qu’on s’engage ainsi dans une voie tout à fait opposée à l’impérialisme véritable et que, loin de favoriser l’unité de l’Empire, on en accentue encore l’incohérence économique.

L’organisation politique n’a pas fait plus de progrès à la conférence que l’organisation économique ou diplomatique. À défaut de Parlement impérial élu et muni de pouvoirs législatifs, sir Joseph Ward avait proposé une série démesures subsidiaires, dont M. Louis Harcourt, ministre anglais des Colonies, s’inspirait, — tout en les atténuant, — pour suggérer l’institution d’une Commission consultative permanente, composée du ministre des Colonies, de deux autres représentans du gouvernement britannique et des Hauts-Commissaires que les Dominions entretiennent à Londres. Cette commission s’occuperait de l’exécution des résolutions de la conférence actuelle, de l’ordre du jour de la conférence suivante et examinerait les questions qui lui seraient soumises par le gouvernement impérial ou ceux des Dominions. C’était l’embryon d’un corps représentatif.

Sir Wilfrid Laurier prit une fois de plus l’initiative de la résistance sur le terrain de la stricte autonomie locale, qu’il ne veut à aucun prix voir affaiblir. Une telle commission, dit-il,