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proprement parler la conférence qui a délibéré, c’est l’Imperial Committee of Defence, organe permanent qui comprend les principaux membres du Cabinet anglais, notamment le premier ministre, les ministres des Affaires étrangères, de la Marine, de la Guerre et des Colonies, ainsi que les commandans en chef de l’armée et de la flotte, auxquels on avait, pour la circonstance, adjoint les premiers ministres coloniaux et quelques-uns de leurs collègues, car les colonies ont aussi leurs ministres « de la Défense » et l’Australie a même un ministre des Affaires extérieures. Ces séances du Comité de la Défense impériale élargi ont naturellement été secrètes. Un développement considérable des forces coloniales a-t-il été décidé ? L’Australie a-t-elle adopté définitivement le plan, gigantesque pour elle, élaboré par l’amiral Henderson, que son gouvernement semblait considérer avec faveur, et qui prévoyait la constitution d’une flotte de premier ordre, comprenant 8 Dreadnoughts, 16 croiseurs et nombre de petits navires ? L’avenir nous l’apprendra. Ce qui est certain, c’est que le ministre de la Marine britannique, M. Mac-Kenna, a déclaré à Pontypool, le 13 juin dernier, que les arrangemens relatifs à la marine qui venaient d’être conclus avec les Dominions étaient « des plus satisfaisans » et qu’entre la mère patrie et celles des colonies qui ont décidé d’avoir des flottes à elles, « il y aurait interchangeabilité des officiers et des hommes, avec des règles d’instruction et de discipline communes, de façon à permettre aux flottes jointes d’agir, au cas de guerre, en complète union. » On serait donc parvenu à une entente qui réduira au minimum les inconvéniens de l’autonomie navale que l’Angleterre se voit obligée de laisser à ses filles émancipées. Ce serait un très important et très positif résultat, car l’action commune de flottes soumises à des règles uniformes d’instruction et de discipline est autrement efficace que celle de marines simplement alliées, mais où tous les règlemens diffèrent, et auxquelles il est presque impossible de donner la cohésion, si indispensable à la guerre.

Pour importantes que puissent être les résolutions positives arrêtées par le Comité de Défense impériale, elles sont dépassées, peut-être, par l’effet moral qu’a produit l’admission des ministres coloniaux dans le sein de ce conseil suprême, où se débattent les questions qui touchent le plus directement au salut même