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mais parce que le contact des plus hauts magistrats du Royaume-Uni et des Dominions, amenant rétablissement graduel, sur certains points, d’une jurisprudence commune, peut préparer la voie à l’unification de la législation elle-même en bien des matières. La conférence a voté une résolution, un peu vague, affirmant que cette uniformité législative, sans être possible d’une façon universelle, était souhaitable en beaucoup de cas ; mais elle en a adopté aussi de plus précises et d’un grand intérêt pratique. L’une invite les gouvernemens des diverses portions de l’Empire à se concerter en vue d’assurer l’exécution rapide et facile dans chacune d’elles des jugemens rendus par les tribunaux des autres, ainsi que des arbitrages commerciaux. Une autre s’applique spécialement à simplifier la procédure d’opposition sur les salaires et revenus, en vue de diminuer le trop grand nombre des maris infidèles et des pères dénaturés qui passent d’un point à l’autre de l’Empire en abandonnant femmes et entons. Une troisième, fort importante pour les pays d’immigration, a trait aux naturalisations. L’Angleterre exige des postulans cinq ans de résidence, le Canada trois seulement, l’Australie deux, la Nouvelle-Zélande ne prescrit aucun minimum ; les naturalisations coloniales ne sont pas valables dans le Royaume-Uni. La conférence a voté une proposition, en vertu de laquelle le temps passé par le postulant dans l’une quelconque des colonies britanniques serait compté pour les cinq ans nécessaires à la naturalisation anglaise. Un projet de loi en ce sens va être incessamment déposé au Parlement de Westminster.

Ces réformes d’ordre juridique semblent peu brillantes aux gens ambitieux et pressés. On aurait tort pourtant de les dédaigner. Modestes et pratiques, elles n’apportent aucune gêne à personne ; elles offrent, au contraire, aux citoyens dispersés de l’Empire des commodités, des avantages de la vie journalière tels qu’il n’en existe pas entre étrangers, et qui, s’accroissant et se multipliant peu à peu, consolident les liens impériaux parce que chacun s’aperçoit qu’il y aurait mille inconvéniens à les rompre. Elles font plus ainsi pour le maintien de l’Empire que des changemens plus éclatans, mais dangereux parce qu’ils sembleraient aux yeux de certains coloniaux limiter l’autonomie dont ils sont si jaloux.

Sur le grave sujet de la Défense impériale, ce n’est pas à