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Le Canada s’est montré plus réfractaire. On aurait voulu qu’il se chargeât, pour sa part, d’organiser sur son littoral du Pacifique une unité navale pareille aux trois autres qui, groupée avec elles en temps de guerre, aurait pu constituer une Hotte sérieuse de quatre cuirassés avec les bàtimens légers correspondans. Tout ce qu’a accordé sir Wilfrid Laurier, ç’a été de faire construire quatre croiseurs et six destroyers, stationnés partie sur le Pacifique, partie sur l’Atlantique, d’acheter à l’Angleterre deux vieux croiseurs comme vaisseaux-écoles et d’ouvrir une école navale. Ce n’est plus là qu’un médiocre programme de défense des côtes ; mais l’opinion coloniale ne permettait pas d’obtenir davantage. Encore M. Laurier a-t-il été violemment attaqué par certains de ses compatriotes canadiens-français pour excès d’impérialisme et a-t-il dû, plus formellement encore que le gouvernement australien, spécifier que les navires canadiens ne seraient mis à la disposition de la métropole en cas de guerre que si le gouvernement du Dominion approuvait la lutte dans laquelle l’Angleterre s’engagerait.

Au point de vue de la défense terrestre, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont réorganisé leurs milices, conformément aux décisions prises à la conférence de 1909 et suivant un plan tracé par lord Kitchener. La première pourra mettre en ligne, en temps de guerre 127 000 hommes et la seconde 30 000, y compris de l’artillerie et de la cavalerie. La dépense annuelle, pour ces forces de terre, ne montera pas à moins de 50 millions de francs pour l’Australie et de 10 millions pour la Nouvelle-Zélande ; c’est 10 francs par tête d’habitant. Le Canada, toujours plus hésitant, a pourtant consenti à refondre son système de milices, suivant un programme indiqué par le général French, commandant en chef de l’armée britannique, et qui prévoit l’organisation de six divisions comprenant chacune les trois armes et tous les services complémentaires ; un officier britannique serait attaché à chacune d’elles comme chef d’état-major. Ceci est une grande concession du particularisme canadien.

On peut épiloguer sur les restrictions dont s’entoure le concours militaire et maritime des colonies ; on peut faire observer que les 2 cuirassés, les 7 croiseurs, les 12 destroyers dont elles font les frais n’apportent qu’un bien faible appoint à la Hotte britannique qui compte 48 grands cuirassés modernes, 10 plus