Quant à l’efficacité de leur méthode de libre coopération, il suffit, disent-ils, pour l’apprécier, de considérer les changemens survenus dans l’Empire, depuis que les conférences impériales ont pris de l’importance et de jeter un coup d’œil sur les débats de cette dernière conférence même, qu’un impérialiste pur, M. Garvin, voudrait baptiser du nom de the conference that failed, la conférence qui a fait faillite.
Qu’a donc, jusqu’ici, réalisé l’impérialisme ? L’union commerciale et l’union militaire de l’Empire ne sont certes pas faites. Mais, même en ces matières délicates, aucun progrès ne s’est-il accompli ? Il y a vingt-cinq ans, il y a quinze ans même, la mère patrie était, au point de vue douanier, traitée absolument en étrangère par ses filles lointaines ; elle ne recevait d’elles aucun concours pour sa marine ; même pour la protection de leur territoire, les colonies ne possédaient aucune organisation digue de ce nom. En est-il ainsi aujourd’hui ?
Dès 1897, le Canada octroyait un tarif « préférentiel » aux marchandises importées du Royaume-Uni. Les droits de douane, abaissés d’abord en leur faveur de 12 et demi pour 100, le sont aujourd’hui de 33 pour 100 en moyenne à la suite de nouvelles mesures prises en 1901 et en 1904. L’Australie et la Nouvelle-Zélande, en dernier lieu l’Union Sud-Africaine, ont imité cet exemple. Toutes ces décisions ont été prises par les colonies sans rien demander en retour et spontanément. Elles n’ont été nullement imposées par les conférences coloniales qui se sont succédé ; mais elles sont le résultat de ce contact plus intime, de cette libre et franche discussion des intérêts communs et des points de vue divers que vantent, ajuste titre, M. Asquith aussi bien que M. Fisher, sir Wilfrid Laurier aussi bien que sir Joseph Ward.
Il n’est pas très aisé de discerner encore l’effet de ces détaxes en Australie et en Afrique du Sud, où le commerce britannique a toujours joui d’une prépondérance énorme, et où il est difficile à concurrencer ; le jour où l’ouverture du canal de Panama mettra les centres industriels américains plus près des Antipodes que ceux de la Grande-Bretagne, le tarif préférentiel