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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Depuis quelque temps, la guerre d’Orient nous a distraits de nos affaires intérieures : au surplus, elles étaient un peu languissantes. Si tant de choses graves se passent au dehors, il ne se passe rien au dedans, et c’est à peine si la rentrée des Chambres a apporté aux esprits absorbés ailleurs un nouvel élément d’activité. La Chambre travaille pourtant ; elle multiplie ses séances ; elle en tient une première le matin, et une seconde l’après-midi, afin de discuter à la fois le budget et des lois urgentes, sans parler des interpellations, Quelque effort qu’elle fasse, le budget ne sera pas voté le 31 décembre, et nous n’échapperons pas aux douzièmes provisoires. Parmi les lois urgentes, la première de toutes est la loi sur les cadres de l’infanterie : nous aurons à en dire un mot. Et, pour ce qui est des interpellations, toutes les autres ont cédé le pas à celle qui se rapporte aux vrais maîtres de l’heure, les instituteurs.

Il n’est que temps de faire une loi des cadres de l’infanterie, et, à lire la discussion qui s’en poursuit à la Chambre, on tremble à la pensée qu’on ait pu attendre jusqu’ici pour s’en occuper sérieusement. Le développement, peut-être fatal, mais à notre avis fâcheux, de nos institutions militaires, nous a amenés à affaiblir, il faut bien le dire, notre armée active, à laquelle le service de deux ans a porté un si rude coup, et, en manière de compensation, à fortifier ou à tâcher de fortifier nos réserves. Combien de fois n’avons-nous pas entendu dire, au cours de ces dernières années, que dans les réserves était désormais la force principale de l’armée I Soit : c’est un système ; nous préférions l’autre, mais il n’est sans doute pas impossible de tirer parti de celui-là, si on sait et si on veut s’y prendre. Par malheur, on s’y prend souvent très mal, par exemple lorsqu’on réduit, comme