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LE
ROMAN DE LA JEUNE CAPTIVE

Habent sua fata… Si jamais le vieil adage a mérité d’être cité, c’est bien ici, au seuil de cette étude sur l’unique et mystérieux roman d’Aimée de Coigny, duchesse de Fleury, celle qui fut la Jeune captive d’André Chénier, la « grande amoureuse » dont M. Etienne Lamy a retrouvé les curieux Mémoires et si finement conté la vie orageuse[1]. Quand elle mourut, en 1820, Népomucène Lemercier, qui fut — au moins — son ami, écrivait dans un article du Moniteur universel : « On a lu d’elle un roman anonyme qui, sans remporter un succès d’ostentation, attacha parce qu’elle l’écrivit d’une plume sincère et passionnée. » Mais aucun autre lecteur ne se présentait, et, en 1840, ici même, dans un article consacré à Népomucène Lemercier, sur la foi de je ne sais quel témoignage, Charles Labitte croyait pouvoir écrire : « Par malheur, le roman dont parle M. Lemercier, et dans lequel les admirateurs du poète (André Chénier) eussent cherché quelques accens de la Jeune captive, n’a pas été imprimé ; et remis, ainsi que des Mémoires fort curieux sur la Révolution, entre les mains de M. de Talleyrand, il paraît avoir été détruit. » Cependant, un peu plus tard, Barbier, mieux informé sans doute, dans son Dictionnaire des ouvrages anonymes, donnait, en l’estropiant un peu, le titre du roman, Alvar ; il indiquait le nom de l’imprimeur, Didot, le format, in-douze, et la date de publication, 1818 ; mais il se trompait en

  1. Voyez, dans la Revue des 1er et 15 avril 1902, Une Vie d’amour : Aimée de Coigny et ses Mémoires inédits, par M. Etienne Lamy. — Ces deux articles servent d’introduction aux Mémoires d’Aimée de Coigny, que M. Lamy a publiés, avec des notes, à la librairie Calmann Lévy.