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province et de l’étranger reçoivent ces signaux d’une façon pratiquement instantanée (puisque les ondes hertziennes, comme la lumière, se propagent avec une vitesse de 300 000 kilomètres à la seconde, c’est-à-dire feraient le tour entier du globe à l’équateur en 1/8 de seconde). Les signaux ainsi reçus, les autres Observatoires sont en mesure de les comparer, à 2 ou 3/100 de seconde près, à l’heure de leurs propres pendules. Ils feront dorénavant connaître à l’Observatoire de Paris, par télégraphe, le résultat de cette comparaison. Comme d’autre part, quelle que soit la durée des périodes de mauvais temps, le ciel n’est jamais couvert partout à la fois, il ne se passera point de jours où quelque observatoire des États affiliés n’ait pu déterminer les passages méridiens du soleil ou des étoiles, et rectifier ainsi par l’intermédiaire de Paris la marche des pendules dans les Observatoires moins favorisés par le temps.

Ceci est un des premiers résultats, et non des moindres, du récent Congrès de l’heure.

Mais il en est un autre beaucoup plus important encore. On sait quelle est, pour les géographes, les géodésiens, les explorateurs et surtout les navigateurs, l’importance de la mesure de la longitude. C’est elle qui permet à ces derniers de repérer leur position exacte sur la carte, de connaître leur route, d’éviter les retards, les incertitudes, les écueils mortels. A l’aide du sextant, on peut en mer déterminer à un instant quelconque la position du soleil ou d’une étoile au-dessus de l’horizon et en déduire l’heure locale. Si on connaît l’heure qu’il est en même temps à Paris, la différence de ces deux heures donne la longitude. Si, par exemple, je trouve qu’il est 11 heures à l’endroit de l’Océan où je me trouve et que je sache qu’à Paris, au même instant physique, il est 10 heures, cela voudra dire que je suis à 15 degrés de longitude Ouest de Paris, puisqu’il en faut 360 pour faire le tour de la circonférence de la terre de l’Est à l’Ouest et que 360 degrés correspondant à 24 heures, une heure représente 15 degrés. Pour connaître leur position, les marins doivent donc posséder à un instant quelconque l’heure d’un certain méridien initial, et c’est pourquoi ils emportent avec eux des chronomètres réglés sur ce méridien.

Pour éviter toute complication dans les calculs et toute cause d’erreur, il est donc clair que les méridiens tracés sur les cartes utilisées par les navigateurs et les explorateurs devront être rapportés précisément au méridien dont ils ont emporté l’heure avec eux. Aussi, quoi qu’on en ait dit, l’adoption de l’heure de Greenwich en France entraînera-t-elle inéluctablement et à bref délai l’abandon complet des cartes