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sphères géographiques des écoles et qu’on appelle des « méridiens, » il est clair qu’il sera midi en même temps pour tous les lieux situés en un même méridien ; midi aura lieu plus tôt pour les méridiens situés à l’Est et plus tard pour les autres. La différence est même plus grande pour de faibles distances qu’on ne le croit communément. Ainsi midi a lieu en réalité trente-sept secondes plus tard à l’extrémité Ouest de Paris qu’à son extrémité Est. A Brest midi vrai a lieu vingt-sept minutes et dix-neuf secondes plus tard qu’à Paris.

Jusque vers la fin du XIXe siècle, les horloges des principales villes de France étaient mises à l’heure locale ; il fallait sans cesse régler sa montre quand on voyageait.

Aussi lorsque le grand maître napoléonien de l’Université, M. de Fontanes, dans un accès de lyrisme centralisateur, s’écriait en tirant sa montre : « En ce moment tous les lycéens de France commencent la même version latine ! » il commettait une bévue, car les écoliers de Nancy avaient en réalité commencé leur version quarante-trois minutes avant ceux de Brest. C’est peut-être à cause de toutes ces difficultés que soulevait au dernier siècle la question de l’heure officielle, que Littré s’est résigné dans son dictionnaire à définir l’heure légale : « celle qui est donnée par l’horloge communale. » Encore qu’imprécise, cette définition laisse supposer qu’alors les horloges communales marchaient bien. Elles ont en ce cas changé depuis.

Quoi qu’il en soit, c’est en 1891 seulement que, par une loi, et afin d’éviter notamment les inconvéniens qui résultaient de l’emploi des heures locales pour les chemins de fer, on décida que l’heure légale dans toute la France serait celle du méridien de Paris.

Pour des raisons analogues, un grand nombre de nations se sont concertées afin de mettre en concordance leur manière de mesurer les heures. Un Congrès international réuni à Washington décida à une grande majorité que la Terre serait divisée, en vingt-quatre « fuseaux horaires » séparés par des méridiens bien définis, distans chacun de 15 degrés (de façon à réaliser au total les 360 degrés de la circonférence terrestre), que l’heure légale serait partout. la même à l’intérieur de chaque fuseau et qu’elle augmenterait conventionnellement ou retarderait d’une heure, suivant qu’on passerait dans un fuseau situé à l’Est ou à l’Ouest du précédent.

M. Dastre a exposé magistralement les conséquences de cette convention. Bornons-nous à rappeler que l’Europe se trouvait ainsi divisée en trois fuseaux. Quand les horloges légales des pays situés dans le fuseau, oriental marquaient midi, il devait être seulement