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accords franco-espagnols du 1er septembre 1905 avaient disposé que Rabat et Casablanca recevraient des instructeurs français, Larache et Tetouan des instructeurs espagnols, Tanger une police mixte commandée par un Français. Mais il n’avait pas été question des autres ports, Mazagan, Safi, Mogador. A dire vrai, ces trois ports faisaient partie de la zone française définie par le traité de 1904. Le gouvernement français était donc fondé à soutenir en droit que la police y devait être française. Mais, dans ce cas, la France aurait eu cinq ports sur sept, plus le commandement de la police de Tanger. L’Espagne trouvait que c’était beaucoup, et en équité son opinion ne manquait point de force[1].

C’est pourquoi M. Léon Bourgeois décida de donner satisfaction au désir que, dès le 18 mars, le duc d’Almodovar avait confié à M. Revoil, à condition que cette satisfaction fût acceptable pour la France. Le duc demandait que la police de Tanger fût espagnole au lieu d’être mixte. C’était là chose gênante ; car la France avait à Tanger une situation acquise : y renoncer eût été pour elle un échec. M. Léon Bourgeois refusa donc, mais il offrit en revanche qu’au lieu d’être française, la police de Casablanca fût mixte. L’Espagne résista longtemps : en fin de compte, elle se rallia à la proposition française, étant entendu que la police mixte de Casablanca serait commandée par un officier espagnol. Ainsi, par un troisième accord, étaient réduites au minimum les atteintes infligées aux arrangemens précédens. Les amendemens se bornaient en effet à remplacer par une police mixte franco-espagnole la police française de Casablanca, Safi, Mogador et Mazagan, dont les accords ne parlaient point, étant tous trois confiés à des instructeurs français.

Pour les autres matières réglées par l’acte final du 6 avril 1905, notamment pour la Banque d’État, l’intervention de l’Europe laissait subsister les garanties assurées à l’Espagne par ses traités avec la France. Non seulement l’Empire chérifien s’ouvrait à l’émigration andalouse, mais la monnaie espagnole conservait dans l’Empire chérifien sa force libératoire. L’association des banques espagnoles avec le consortium français de l’emprunt 1904 leur donnait dans la Banque d’Etat une place privilégiée, immédiatement après la France. Enfin la charge

  1. Voyez notre ouvrage la Conférence d’Algésiras.