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en 1946, c’est-à-dire dans une trentaine d’années. En face de cette dépense, on peut placer les 50 millions que rapportent les chemins de fer de l’Etat, pour le rachat desquels une partie de la Dette a été contractée, si bien qu’en réalité le fardeau en est léger. D’ailleurs, ce qui aide encore le pays à supporter aisément ses charges, c’est l’accroissement ininterrompu de ses exportations, qui ont atteint, en 1910, 616 millions de francs, alors que les importations se sont élevées à 410 millions. Sous ce rapport, il est dans une situation bien meilleure que ses voisins. La France n’est malheureusement qu’au septième rang des puissances qui échangent leurs produits avec la Roumanie, tandis que la Belgique vient en première ligne par son chiffre de 240 millions, qui représente le quart de tout le commerce extérieur. Les banques sont actives, de nombreuses sociétés industrielles et financières se sont fondées ; les dépôts aux guichets des établissemens de crédit et des caisses d’épargne sont en progrès rapide. Au 31 décembre 1909, les banques populaires, placées sous le contrôle de la caisse rurale de Bucarest, étaient au nombre de 1 543, avec un capital de 50 millions de lei, et avaient consenti des prêts aux petits agriculteurs pour 66 millions. Près de la moitié de la surface du pays, plus de 6 millions d’hectares, est ensemencée. La Banque nationale, organisée sur le modèle des grandes banques d’émission européennes, s’inspire des principes éprouvés en la matière. Au 31 décembre 1911, elle avait une circulation de 443 millions, garantie par une encaisse de 220 millions, laquelle s’est augmentée de 40 millions, au cours de l’exercice.

On voit que la Roumanie, le plus ancien parmi les jeunes Etats balkaniques, est aussi celui qui est le plus avancé économiquement et financièrement. Grâce à la prospérité de son agriculture et à ses excédens budgétaires, la prime sur l’or avait presque disparu. L’organisation du pays est plus complète et sa culture plus savante que celle des régions limitrophes. Le problème le plus ardu est celui de la répartition des terres : en présence d’une population qui s’accroît rapidement, le maintien de vastes domaines aux mains d’un petit nombre de propriétaires apparaît comme de plus en plus difficile. La question agraire est à l’ordre du jour. Les gouvernemens successifs ont essayé de la résoudre. Le dernier Cabinet libéral a fait voler diverses lois qui ont pour but de morceler les propriétés,