Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 12.djvu/529

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
AU
COUCHANT DE LA MONARCHIE[1]

XIII.[2]
L’APOGÉE DE NECKER — LES PREMIERS ASSAUTS CONTRE LUI


I

La nomination de Ségur, dans les conditions qu’on a vues, était cruellement mortifiante pour l’orgueil de Maurepas. « Il a confié à quelqu’un qui me l’a redit, écrit le baron de Besenval, que cet ordre avait été le coup de poignard le plus sensible qu’il eût reçu de sa vie, et je le conçois. » Pour la première fois, en effet, Louis XVI agissait publiquement contre le vœu de son vieux conseiller, se dérobait d’une manière ostensible à sa jalouse tutelle, et le retentissement de l’acte ajoutait à l’humiliation. Il est établi que Maurepas, pendant les journées qui suivirent, songea vraiment à la retraite. Il écrivit au Roi qu’il le priait avec instance, « puisque ses soins n’étaient plus jugés utiles, de trouver bon qu’il se retirât à Pontchartrain, et que, dans cette campagne, il lui fût permis de soigner sa santé et d’achever tranquillement ses jours. » Il partit, en effet, pour sa chère résidence ; il fallut, pour l’en arracher, les instances affectueuses du Roi, auxquelles, par complaisance, se joignit Marie-Antoinette. Il se laissa enfin faire violence, et répondit en déclarant

  1. Copyright by Calmann-Lévy 1912.
  2. Voyez la Revue du 15 novembre.