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ront ultérieurement les remaniemens politiques et territoriaux, mais il est d’autres puissances dont les rapports spéciaux avec la scène du conflit, — rapports géographiques, économiques, ethniques, historiques, — sont tels qu’on ne peut pas s’attendre à ce qu’ils ne réclament pas voix au chapitre lorsque viendra l’heure, du règlement de comptes définitif. » Quels problèmes se poseront alors ? Quelles en seront les difficultés ? M. Asquith se refuse à l’indiquer dès maintenant : il se contente d’exprimer l’avis que ces questions, « traitées isolément et immédiatement, peuvent sembler conduire à des divergences irréductibles, » mais qu’elles prennent un autre aspect si on les traite dans leur ensemble « du point de vue plus large d’un règlement général. » Elles se résolvent alors les unes par les autres, au moyen de transactions où les intérêts de tous se concilient. Il en serait sans doute autrement s’il y avait dès maintenant division entre les puissances, mais il n’en est rien et c’est à ce point du discours que nous voulons surtout en venir. « C’est pour nous, a déclaré M. Asquith, une grande satisfaction de pouvoir dire que jamais les relations de ce pays avec les autres pays, sans une seule exception, n’ont été plus amicales et plus cordiales. Les grandes puissances collaborent en étroit contact. La franchise, la loyauté de leurs communications et de leurs discussions est remarquable : ces dispositions peuvent paraître inintelligibles à ceux qui croient que, — les puissances formant des groupes différens en vue de certains desseins, — elles doivent, si une crise européenne survient, se ranger forcément dans des camps opposés. Rien n’est plus loin des faits. »

C’est sur ce mot que nous voulons rester, parce qu’il apporte une espérance. Si elle se réalise, si l’accord s’établit et se maintient entre les puissances, la catastrophe finale qui se prépare à Constantinople pourra être un spectacle angoissant, mais il ne sera pas autre chose. Quelles seront les dernières convulsions ? Le Sultan et son gouvernement resteront-ils en Europe ou se réfugieront-ils en Asie ? Qu’arrivera-t-il enfin ? Dans l’impossibilité où elles sont de le savoir, les puissances ont envoyé des navires pour veiller à la sécurité de leurs colonies et, au besoin, pour les recueillir. Que peuvent-elles faire de plus ? Une des grandes scènes de l’histoire se prépare et, quel qu’en doive être le lendemain, l’Europe, si elle n’a pas de désordres immédiats à réprimer, ne peut y assister qu’en spectatrice, en gardant pour elle le secret de ses impressions et de son émotion.

L’importance exceptionnelle des événemens qui se passent en