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à la défense du littoral et aux opérations de nos escadres, que ne le sera l’aviation militaire à nos armées en campagne. L’aviation militaire apporte au commandement des renseignemens détaillés, coordonnés, rapidement obtenus, qu’on n’eût pu se procurer aussi exacts, prompts et complets, par aucun autre moyen. C’est un résultat considérable. L’aviation navale, fortement et méthodiquement organisée, rendra le même service ; mais, en outre, elle comblera d’inquiétantes lacunes, telles que l’absence d’éclaireurs dans notre flotte, et remédiera à l’impossibilité de surveiller à bonne distance les approches du littoral français. Elle répond donc à des besoins impératifs dans la partie de la défense nationale dont la marine porte la lourde responsabilité.

Il est désirable que l’opinion publique comprenne la nécessité d’un effort dans cette direction et s’y intéresse. Il faut aussi qu’elle en apprécie l’urgence, car le nouvel instrument de guerre est déjà aux mains des autres puissances. Nous avons signalé l’initiative anglaise. L’Allemagne suit le mouvement. Quelques jours après le concours d’hydroplanes à Saint-Malo, une réunion du même genre a eu lieu à Heiligendam, sur la côte mecklembourgeoise. L’amirauté allemande avait offert cent mille francs de prix et s’était engagée à faire l’acquisition du meilleur appareil. Le temps, quoique moins mauvais qu’à Saint-Malo, était peu favorable, et l’échec fut complet. Mais la marine allemande ne restera pas sur cette défaite. Quinze officiers de marine ont été désignés pour servir dans le corps de l’aéronautique ; les uns travaillent à la station d’aviation navale créée à Putzig, les autres s’exercent à l’école de Johannistal. En Italie, une escadrille d’hydroplanes du type américain Triad Curtis a été formée à Venise, où les installations nécessaires sont construites, et les expériences se continuent sous la direction d’officiers de la marine. Partout, des essais se poursuivent et des plans d’organisation sont étudiés. La nécessité d’utiliser l’aéroplane pour la défense navale est donc reconnue. La France doit accepter le fait acquis, avec toutes ses conséquences, dont la première est d’adapter sans retard les progrès de la navigation aérienne aux conditions de la situation géographique du pays et aux éventualités résultant des circonstances politiques actuelles.

La question budgétaire passe au second plan, dès que la