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Le sérum de l’animal immunisé, employé seul (sans vaccin), agit plus vite que le vaccin ; mais son action est courte et ne peut pas être prolongée par de nouvelles injections de sérum à cause des accidens que pourrait entraîner la répétition des injections sériques. La sérothérapie préventive doit donc être réservée aux cas, dans lesquels on a besoin de conférer, contre la peste, une immunité rapide et de courte durée, par exemple si la peste éclate à bord d’un bateau. Dans ce cas, l’équipage et les passagers recevront une injection de dix centimètres cubes de sérum et débarqueront, sans être soumis à aucune quarantaine. Cette simple intervention les mettra sûrement à l’abri d’une infection, qu’ils auraient pu contracter à bord du navire contaminé.

En tout cas, malgré l’utilité incontestable de ces vaccinations antipesteuses, il ne faut pas négliger les autres procédés prophylactiques et notamment l’extermination des rats, seuls propagateurs de cette maladie.

Les exemples précédons suffisent à faire comprendre les diffère n s modes de vaccination : procédés empiriques (variole), procédés par les virus atténués (charbon, rage), procédés par le sérum d’un animal immunisé (diphtérie, tétanos), procédés mixtes de sérovaccination (peste). Je crois donc inutile de parler des autres maladies contre lesquelles on peut encore immuniser l’homme par un des procédés précédens, comme la méningite cérébrospinale, la dysenterie, etc. Mais je dois parler encore, en terminant, de la vaccination contre la fièvre typhoïde, qui est une des plus récentes et des plus brillantes applications de la doctrine générale des vaccinations.


VI

La fièvre typhoïde[1], due à la pénétration dans l’organisme du bacille d’Eberth, est peut-être la maladie infectieuse aiguë la plus répandue. Elle cause annuellement en France plus du 6 000 décès en moyenne, soif environ 100 000 en ces dix-sept dernières années. Notre pays est plus particulièrement atteint ; elle y cause 27,6 décès pour 100 000 habitans, tandis qu’elle n’en cause que 17,5 en Angleterre et 10,3 en Allemagne.

  1. Voyez, les communications du professeur Vincent à l’Académie de médecine et la Revue de ses élèves Louis et Combe.