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l’économie et spécialement les centres nerveux. Mais, à titre préventif, le sérum antitétanique doit cire employé et rend de très réels services. En médecine vétérinaire, la chose est absolument démontrée depuis le premier travail de Nocard en 1897. Vaillard a réuni les statistiques de huit vétérinaires, portant sur 13 124 animaux vaccinés contre le tétanos avant une opération chirurgicale (souvent suivie de tétanos) ou immédiatement après un traumatisme (particulièrement dangereux à ce même point de vue) : pas un seul de ces 13 124 animaux vaccinés n’a contracté le tétanos.

Chez l’homme, la question a été et est encore discutée. Sans contester l’action utile de l’injection préventive du sérum, on a dit que le tétanos est aujourd’hui très rare si la plaie initiale est soigneusement aseptisée ; puis (c’est ce qui a le plus impressionné, encore tout récemment, à la Société de chirurgie), on a signalé des accidens graves après l’injection de sérum antitétanique, alors que le traumatisme initial était insignifiant.

Malgré tout, avec Vaillard et avec la très grande majorité des chirurgiens, je conclurai que le sérum antitétanique est un des meilleurs moyens, mais non le moyen strictement suffisant pour supprimer le tétanos ; il ne préserve pas toujours infailliblement ; mais il aide l’organisme dans sa défense contre un tétanos possible et éventuel.

Donc, et sans négliger aucune des précautions nécessaires pour l’antisepsie de la plaie, il faut injecter du sérum antitétanique, toutes les fois que le traumatisme a atteint une extrémité et que la plaie a été souillée par de la terre.

Nous voilà en possession de deux méthodes, récentes et scientifiques, pour immuniser préventivement l’homme contre une maladie donnée : la vaccination par le virus atténué (charbon, rage) et la vaccination par le sérum d’un animal infecté (diphtérie, tétanos). Pour certaines maladies infectieuses comme la peste, on peut employer l’une ou l’autre méthode suivant le cas, ou, d’autres fois, l’une et l’autre méthode (séro-vaccination). De récens exemples (à Alger, à Marseille) ont montré que la peste n’est pas exclusivement observée en Extrême-Orient et dans les fables de La Fontaine : la question de la vaccination antipesteuse ne doit pas laisser indifférent le public français. Ed. Dujardin-Beaumetz a bien résumé l’histoire des