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disparition complète de la maladie, du moins une diminution considérable des cas observés, est à ce point de vue particulièrement encourageant. On doit donc tout spécialement insister sur l’application de ces mesures : destruction des chiens errans, qui propagent le mal ; abatage, non seulement des animaux enragés mais encore de tous ceux qui ont été mordus par eux ou par des animaux suspects ou à tout le moins, pour ces derniers, isolement rigoureux pendant une période de temps excédant la plus longue durée de l’incubation rabique. (Menetrier.)


V

Il y a une autre méthode de vaccination, aussi générale et scientifique que la précédente : c’est la sérothérapie préventive ou vaccination par un sérum thérapeutique, méthode dérivée des travaux des élèves de Pasteur, comme la vaccination par les virus atténués dérive des travaux de Pasteur lui-même. Voici le principe de cette méthode, dont nous verrons ensuite les applications importantes pour prévenir la diphtérie et le tétanos. : Quand un virus pénètre dans un organisme et l’infecte, il y provoque la fonction de défense, fonction générale de défense contre tout étranger, ce que j’ai appelé la fonction antixenique. Ainsi se développe dans le sang du sujet contaminé un principe, antagoniste du principe pathogène. Les médecins appellent, dans ces cas, antigène le virus inoculé et anticorps la substance antagoniste, qui circule, dissoute, dans le sang et spécialement dans la partie liquide du sang que l’on appelle le sérum.

Ce sérum, ainsi préparé et contenant l’anticorps de ce virus particulier, est devenu un sérum thérapeutique contre cette même maladie ; c’est-à-dire que, extrait de l’animal inoculé et injecté à un autre animal ou à un homme atteint de cette même maladie, il aide puissamment le malade à guérir : il combat victorieusement le virus antigène primitif, hors du premier animal inoculé comme chez ce premier animal inoculé.

Ce même sérum thérapeutique, — qui, inoculé à un animal malade, le guérit de cette maladie, — inoculé a un animal sain, l’immunise contre cette même maladie, le préserve de cette maladie, le vaccine contre cette maladie.

En somme, avec cette méthode, on n’inocule pas à l’animal sain un vaccin tout prêt (comme pour la variole) ni un virus