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variole, la vaccination obligatoire, des sanctions pénales rigoureuses contre les délinquans et « une promesse de gratification de cent francs à quiconque prouvera qu’il a eu la variole après avoir été vacciné ! » En 1807, la vaccination obligatoire était décrétée en Bavière, dont le roi, Maximilien-Joseph, était alors le beau-père d’Eugène de Beauharnais, vice-roi d’Italie. Goldschmitt retrouve dans tous ces faits l’heureuse influence de Napoléon Ier, qui aurait déclaré la vaccination obligatoire en France en 1809 ou 1810 et qui fit vacciner le Roi de Rome en 1811. C’est Napoléon Ier qui serait donc « le promoteur de l’obligation vaccinale. L’idée première de cette législation protectrice appartiendrait donc à la France, qui fut pourtant une des dernières nations à s’y rallier. »

En 1828, les médecins de Strasbourg, Lauth, Foderé et Goupil adressent au gouvernement une pétition pour l’engager à instituer en France l’obligation de la vaccine et élaborent un projet de loi, « qui, dit Kelsch, aurait pu passer presque intégralement dans notre législation du 15 février 1902. »

Cette dernière loi de 1902, relative à la protection de la santé publique, qui nous régit actuellement, prescrit d’abord la déclaration obligatoire de tous les cas de variole (article 5, complété par le décret du 10 février 1903) ; elle dit ensuite (article 6) : « La vaccination antivariolique est obligatoire au cours de la première année de la vie, ainsi que la revaccination au cours de la onzième et de la vingt-et-unième année. » Tandis que c’est le médecin qui est chargé de faire la déclaration des cas de variole, pour la vaccination et les revaccinations, ce sont les parens ou tuteurs qui sont tenus personnellement de veiller à l’exécution de la dite mesure.

Voilà d’excellentes dispositions. Malheureusement ces mesures ne sont pas appliquées avec la rigueur qui sérail nécessaire dans tous les cas. Je sais en particulier combien, dans certains grands centres, à Marseille par exemple, il est difficile d’appliquer la loi (en particulier aux étrangers) et combien fréquentes et meurtrières sont encore les épidémies de variole ; tandis que les résultats obtenus sont très remarquables dans les pays où l’obligation de la vaccination et de la revaccination est édictée depuis longtemps et appliquée avec rigueur.

Ainsi, d’après les chiffres communiqués à Surmont par Arnould, en 1891, la variole n’a fait périr que quarante