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prise, il y a longtemps, par la Serbie. En 1909 les rois Pierre et Ferdinand avaient assisté, à Cettigné, aux fêtes du cinquantenaire et à la proclamation de Nicolas comme roi du Monténégro. Enfin M. Venizelos, secondé par un correspondant de journal anglais, M. Boursier, fut, dit-on, en ces derniers mois, l’agent actif et intelligent d’un rapprochement gréco-bulgare qui sanctionnait la réconciliation spontanée que la maladresse des Jeunes-Turcs avait opérée, en Macédoine, entre la population des deux nationalités. A Constantinople le patriarcat et l’exarchat avaient négocié un rapprochement qui prépare la fin du schisme bulgare dont la question politique et nationale est l’unique raison d’être. Quelles sont les conditions de l’alliance ? On l’ignore ; elle parait être défensive et offensive : elle prévoit, au moins dans ses grandes lignes, l’hypothèse d’un partage de la Macédoine ; signée, tout au moins entre les Serbes et les Bulgares, au printemps de cette année, elle a été complétée dernièrement par des conventions militaires. Les quatre Etats semblent s’être engagés à ne pas déposer les armes les uns sans les autres. Des conseils venus de l’extérieur ont-ils exercé une influence sur la formation de l’alliance des quatre Etats balkaniques ? On ne saurait l’affirmer avec précision. Depuis longtemps les amis de la Bulgarie, de la Serbie, de la Grèce et du Monténégro leur démontraient combien les objets de leurs discordes étaient minimes en face des raisons qui devaient les pousser à l’entente. La formule « Les Balkans aux peuples balkaniques » paraissait la seule qui fût capable d’alléger la politique européenne du poids mort de la question d’Orient et elle ne pouvait devenir une réalité que par l’accord des quatre Etats et l’abstention bienveillante de la Roumanie. Il est à croire que la diplomatie russe, de concert avec celle de l’Italie avec laquelle, depuis l’entrevue de Racconigi, elle marche d’accord dans toutes les questions qui touchent à l’Europe orientale, a beaucoup travaillé en ce sens, et l’on cite M. Tcharvkof, ancien ambassadeur du Tsar à Constantinople, comme s’étant employé, avec une particulière activité, à réaliser l’entente.

On peut affirmer aussi que la formation de la ligue balkanique est en liaison étroite avec la guerre italo-turque. Is fecit cui prodest. L’Italie, pressée de terminer sa guerre, gênée, pour frapper un coup décisif, par ses engagemens de ne pas attaquer la Turquie en Europe, soucieuse aussi de créer dans la