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ses ministres. À la fin, M. de Maurepas lui dit : « . Madame, faites-vous médiatrice d’un accommodement. Les reines ont souvent joué ce beau personnage. Engagez l’Empereur à céder une partie de ce qu’il a pris en Bavière. Nous pourrons alors essayer de faire agréer au roi de Prusse qu’il conserve le reste. » Au sortir de cette conférence, continue l’abbé de Véri, « M. de Vergennes alla trouver Louis XVI et lui rendit un compte fidèle de la conversation. Le Roi y répondit en insistant sur sa ferme volonté de ne se point mêler à la guerre d’Allemagne : « Il est d’ailleurs naturel, ajouta-t-il, que la Reine soit affligée de l’embarras où se trouve son frère et qu’elle fasse effort pour lui procurer du secours. »

Plusieurs fois renouvelées, les tentatives de Marie-Antoinette ne parvinrent pas à ébranler la détermination de Louis XVI et du Cabinet. Ils persistèrent à nier obstinément que les « usurpations » de l’Empire constituassent l’un des cas prévus par le traité d’alliance, le casus fœderis invoqué par Joseph. Si la Prusse en venait à envahir l’Autriche, si elle pénétrait, notamment, dans les Pays-Bas autrichiens, alors seulement la France. devrait intervenir ; mais elle n’irait pas au-delà[1].


La fermeté du Cabinet français, l’attitude menaçante que prend Frédéric II, engagent alors la Cour de Vienne à user de tous les moyens et à employer les grands mots. L’Impératrice et l’Empereur, tour à tour, harcèlent la jeune souveraine, qui, troublée, angoissée, ne sait visiblement que faire et que résoudre. Tantôt sa mère lui peint, en termes émouvans, — dans un langage, d’ailleurs, que l’on pourrait dire prophétique, — les dangers qu’une Prusse trop puissante fera courir tôt ou tard à l’Europe : « C’est lui (Frédéric) qui veut s’ériger en dictateur et protecteur de toute l’Allemagne ! Et tous les grands princes

  1. Il semble que l’abbé de Vermond, lecteur de Marie-Antoinette, ait cherché, en cette circonstance, à la suggestion de Mercy, à faire tourner l’état de grossesse de la Reine au profit des intérêts de la Cour impériale. Le journal de Hardy fait allusion à cette tentative : « On est informé, dit-il, que l’abbé de Vermond a engagé le premier médecin de Sa Majesté (M. de Vermond, frère de l’abbé et accoucheur de la Reine) à représenter au Roi qu’il serait dangereux de contredire la Reine et de la mortifier dans l’état où elle se trouvait, voulant faire sentir au Roi qu’il devait lui accorder les 30 000 hommes de troupes auxiliaires pour l’Empereur son frère, ce que Sa Majesté avait si bien compris, qu’elle avait répliqué au dit médecin : « Je vous entends, mais il faut que la Reine ne me demande rien de ce que je ne peux pas lui accorder. »