Le dépit ressenti, à la cour impériale, pour le piteux échec de l’affaire bavaroise eut, sur les événemens qui font l’objet de cette étude, une influence, indirecte il est vrai, mais certaine pourtant et sérieuse, et qu’à ce titre, il est nécessaire d’indiquer. L’effort de Joseph II, de l’Impératrice, de Mercy et de leurs agens à Paris consiste désormais à pousser Marie-Antoinette vers l’activité politique, à obtenir qu’elle intervienne d’une manière plus suivie dans les choses de l’Etat. Les mêmes qui, jusqu’alors, la détournaient, assez durement parfois, de s’ingérer dans le gouvernement, de « se mêler sans droit, comme disait son frère, des affaires de la monarchie[3], » sont les plus ardens, aujourd’hui, à gourmander son indolence, à exiger qu’elle prenne de l’empire sur le Roi. Louis XVI, lui répète-t-on, ne peut se passer d’un Mentor ; il faut que ce Mentor se trouve dans la dépendance de la Reine et qu’il devienne « sa créature[4]. » C’est Mercy-Argenteau qui lui donne ce conseil, dont le contraste est grand avec le langage d’autrefois.