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contre un meuble, gagna un siège proche. Personne ne prit garde à sa petite défaillance. On était retourné au chevet de François. L’un des médecins étanchait un filet de sang qui s’échappait par la narine. Au bout de cinq minutes, Hélène rejoignit sa mère.

— Et Marcelle est morte sans doute ? dit celle-ci, les dents serrées.

— Non, rassure-toi, je t’expliquerai.

Sur la commode était la lettre d’adieu que François avait écrite à ses parens. Hélène la lut :

« Pardonnez-moi de quitter cette vie imbécile qui n’a ni sens, ni but, ni lumières. Je me suis trop ennuyé… »

Hélène pensait à cette enfance sans direction contre laquelle, si souvent, elle avait entendu la grand’mère murmurer. Pour s’être exonéré de toutes les données héréditaires sur la vie, que lui avait-on appris au malheureux enfant qui se mourait Là, ce soir ?

À ce moment, les médecins, voulant être seuls, renvoyèrent tout le monde. Pierre et Jenny Fontœuvre, hébétés, se retrouvèrent dans le corridor avec Hélène dont l’indignation se réveillait et bouillonnait secrètement :

— Et Marcelle, l’as-tu revue ? que sais-tu d’elle ?

— Marcelle ? répondit Hélène d’une voix qui s’étranglait ; Marcelle ? eh bien ! elle est avec son amant !

Colette Yver.

(La dernière partie an prochain numéro.)