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construction, le coche est plus sujet aux avaries : celui d’Henri III, s’étant rompu dans un chemin fangeux des environs de Paris « parmi des piteux temps de janvier, » le Roi et la Reine doivent faire une lieue à pied pour rentrer au Louvre dans la nuit.

Avec le coche ou carrosse, — il porta bientôt ce nom, — on pouvait trotter, allure inusitée dans les rues de Paris qui épouvanta les piétons. Le Parlement supplia le Roi « de défendre les coches par la ville (1563). » La même inquiétude se renouvela au XVIIIe siècle, lors de la vogue des cabriolets que les passans jugeaient fort dangereux par leur rapidité. « Si j’étais lieutenant de police, disait Louis XV, je supprimerais les cabriolets. » Et, sous la Restauration, l’autorité municipale s’opposait à l’établissement des omnibus, par ce motif encore « qu’il en résulterait un trop grand embarras pour la circulation. » Notre génération, aguerrie par les autos et les tramways électriques, sourit de ces frayeurs ; mais les rues d’aujourd’hui ne sont plus celles de la Ligue.

Les premiers carrosses, après lesquels couraient les gamins et le menu peuple et qui ressemblaient assez à des corbillards, étaient des voitures monumentales dans lesquelles huit personnes trouvaient place ; on s’y mettait encore à six au XVIIIe siècle et le jeune Croy conte que le Roi lui fait la grâce de le faire asseoir, en allant à la chasse, « sur ses genoux, » c’est-à-dire à la portière où se trouvait un « extrapontin. » Dans le fond, des appuis de crin, les « custodes, » amortissaient les cahots ; sur les côtés, des « mantelets » de peau, — que le cardinal de Richelieu faisait, dit-on, doubler de fer à l’épreuve des balles, — s’abattaient en guise de glaces. On les bouclait solidement pour se garantir de la pluie et du froid, « pour faire printemps, » comme disait le surintendant Bullion. Des montans sculptés portaient un ciel de bois, drapé d’étoffe, — l’« impériale » — auquel s’attachaient des paremens de cuir, les « gouttières, » qui empêchaient l’eau de tombera l’intérieur. Enfin au corps de la voiture était attachée, en guise de frein, une chaîne de fer qui servait à enrayer les roues dans les descentes.

« Vraiment, écrit-on en 1614, il y a de la commodité quant à ces coches, mais, par tant de commodité nous nous énervons. » C’était l’avis de Henri IV qui allait à cheval par la ville et, « si le temps semblait tourné à la pluie, mettait en croupe un gros manteau. » Les premiers seigneurs qui se