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elles coûtaient cependant plus cher au XIVe siècle qu’au XVIIIe. Ce n’est pas que leur entretien fût plus onéreux, au contraire : sauf la ferrure, qui valut de 4 fr. 50 à 9 francs au moyen âge, au lieu de 3 à 6 francs sous Louis XV, l’ensemble des dépenses d’écurie a dû augmenter avec la hausse des fourrages.

Les prix payés à forfait pour la nourriture ne permettent pas de s’en rendre compte exactement, parce que les rations sans doute variaient fort d’une bête à l’autre, et qu’un cheval d’attelage à la guerre, sous saint Louis, une haquenée chez le dresseur (1396), ou les chevaux du duc de Candale au temps de la Fronde, dont les pensions coûtaient de 3 fr. 75 à 5 francs par jour, étaient mieux traités que les chevaux du séminaire de Saintes et des mines de Carmaux, à 1 fr. 25 et 2 fr. 75 par jour (1754), ou ceux des régimens de cavalerie comptés à 1 fr. 40 en 1790. Sans aller jusqu’aux chevaux d’Harpagon, qui « observent des jeûnes si austères que ce ne sont plus rien, dit maître Jacques, que des idées ou des fantômes, des façons de chevaux, » on conçoit quelle différence existait entre deux quadrupèdes de même nom, suivant leurs propriétaires et leurs emplois, puisque dans la même écurie, chez la vicomtesse de Rohan (1481), l’entretien journalier du cheval d, e guerre se payait 8 fr. 65 et celui d’une simple haquenée 3 fr. 25.

Les oscillations énormes des cours du foin et de l’avoine, d’une année à l’autre, devaient soumettre l’alimentation de l’espèce chevaline aux mêmes épreuves que celle des hommes éprouvait par les brusques sauts du blé. L’hectolitre d’avoine se vendait au moyen âge tantôt 1 fr. 75 et tantôt 36 francs ; passant, sinon de l’un de ces extrêmes à l’autre, du moins du simple au quadruple en l’espace de douze mois. Il en fut ainsi jusqu’à la fin de la monarchie et dans toutes les provinces ; aux environs de Caen, l’avoine fut cotée, de 1761 à 1766 : 2 fr. 10, — 6 francs, — 4 fr. 50, et 15 francs.

Moins transportable, le foin qui, en temps normal, se payait le même prix qu’aujourd’hui, descendait en cas d’extrême abondance à 30 et 40 francs les mille kilos et s’élevait à 150, 200, 300 francs, chiffres atteints en 1754 et dépassés en 1785. Jusqu’à la création des prairies artificielles dans la seconde moitié du XVIIIe siècle le foin, était rare, parce que les prés où l’on en récoltait étaient peu nombreux et que leur rendement moyen, faute d’engrais, était moindre que de nos jours. Mais la grande