Jérôme était déjà recouché sur sa planche à dessin. Tout à coup, il s’écria :
— J’ai trouvé… Parfaitement… C’est ça !… Comment n’y ai-je pas songé plus tôt ? Ah ! les bougres !… Il faudra que j’aille conter cela au baron… Je crois qu’il sera satisfait…
Mais Gabriel à son tour n’écoutait plus. Il venait d’apercevoir Maxime par la fenêtre. Voulant tout de suite achever la mission qu’il s’était donnée, il s’élança dehors.
— Ah ! Maxime ! Viens donc t’asseoir avec moi sur un banc que je connais à l’entrée du bois.
C’était une allée couverte qui menait aux bords de l’Igneraie. Quand ils furent installés, il ajouta :
— J’ai à te parler sans témoins.
— Sans témoins, mon oncle ! Est-ce que vous voudriez m’assassiner ? s’écria Maxime, ennuyé de rencontrer son oncle là où il comptait saluer le baron Malard.
— Non, ni te couvrir de fleurs, — répliqua brusquement Gabriel Baroney. L’indifférence de son frère l’avait impatienté et l’accueil de Maxime achevait de le faire sortir de son caractère. — Je viens, en deux mots, te demander si tu es un honnête homme, ou un paltoquet.
— Oh ! mon oncle, ni l’un ni l’autre, très probablement. En ceci du moins, je suis assez partisan du juste milieu. Je ne mérite ni cet excès d’honneur, ni cette indignité.
— A mon humble avis, tu mériterais des gifles, tout bonnement.
— Pourquoi me dites-vous cela ?
— Parce que je connais, minute par minute, l’emploi de ta soirée d’hier.
— Eh bien ! mais, mon cher oncle, cette soirée n’est pas toute à mon déshonneur.
— Laisse-moi parler. Je ne veux pas te faire de discours ni de morale. Tu as grossièrement agi envers ton cousin Étienne et tu as compromis une jeune fille des plus honorables.
— Compromis ?
— Cinq personnes savent à quoi s’en tenir sur ta conduite « chevaleresque » de Filaine au Château-Neuf. Demain, quoi qu’on fasse, il y en aura vingt.
— En voilà un pays !
Maxime fronça le sourcil. Il sentit tout à coup qu’il n’avait