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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




On attendait en France, avec un intérêt croissant, le retour de M. Poincaré de son voyage de Russie. Déjà une note officielle, rédigée avec précaution par les deux gouvernemens, avait fait connaître à l’opinion attentive le caractère, sinon les résultats, des conversations de Saint-Pétersbourg ; mais cette note n’était pas sortie des généralités habituelles en pareil cas. Rien d’ailleurs de plus naturel : ce n’est pas dans les documens de ce genre qu’il faut chercher la pensée profonde et précise des hommes d’État qui les ont écrits. Le style en est d’habitude tout protocolaire, c’est-à-dire superficiel et sommaire. En débarquant à Dunkerque, M. Poincaré a prononcé quelques paroles auxquelles il a pu donner un accent plus personnel et plus chaud, mais qui, sur le fond même des choses, ont été empreintes de la même réserve. Il s’est contenté de dire que jamais l’alliance franco-russe n’avait été plus solide, plus vivante, plus active, et c’était là, en somme, ce qu’il nous importait le plus de savoir. Et comment aurait-on pu attendre davantage ? Les journaux ont publié jusque dans le plus menu détail l’emploi des quelques journées que M. Poincaré a passées en Russie : il n’y a pas eu beaucoup de place pour les conversations politiques. Sans doute notre ministre des Affaires étrangères et M. Sasonoff ont échangé quelques propos utiles, mais trop rapides pour qu’ils aient pu y vider les questions complexes qui sont aujourd’hui posées en Europe et en Asie. Les conversations de ce genre servent à déterminer le but qu’on se propose en commun et à indiquer d’une manière approximative les moyens à employer pour l’atteindre ; elles servent surtout à inspirer d’un côté et de l’autre une confiance réciproque et à dissiper peut-être de légers malentendus ; mais c’est tout.

S’il en est ainsi, pourquoi la visite que M. Poincaré vient de faire