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anciens procédés Yamatoye et attribué à Tosa Yukimitsu (première moitié du XIVe siècle) !

Durant l’ère de Kamakura, la peinture religieuse est elle-même rénovée, tout d’abord sous l’impulsion de l’art laïque, puis par l’imitation des Song.

Dès l’ère des Fujiwara, nous l’avons vu devenir plus humaine et descendre des hauteurs où l’avaient placée les sectes mystiques. Un célèbre Nehanzô datant de 1060 (Kokka, n° 228, mai 1909) et figurant l’entrée du Bouddha dans le Nirvânâ est déjà très voisin des peintures des Kasuga. Les disciples qui entourent le maître reposant dans le calme de l’éternel sommeil se lamentent tragiquement, et leur douleur se traduit par des poses d’une diversité et d’une variété merveilleuses, dignes d’un Tôba Sôjô ou d’un Mitsunaga. Au XIIIe siècle, la tendance réaliste s’accentue. La grande école bouddhique de l’époque de Kamakura, celle des Takuma fondée par Tamenari dès le milieu du XIe siècle, était d’ailleurs très proche parente des Kasuga et des Tosa et se rattachait à la même classe des maîtres de Yamatoye.

Les divinités gardiennes conservent l’aspect terrible de celles de l’époque des Fujiwara. Celui-ci s’accentue même souvent sous l’influence des mœurs de l’époque. Tel est le cas pour le Daishô Fudô Myô-ô appartenant à M. Kaoru Inoué (Kokka, n° 247, décembre 1909) et considéré comme un des derniers chefs-d’œuvre bouddhiques.

D’autre part, le courant artistique créé par la secte Jôdô produit des peintures où le paysage continue à être heureusement combiné avec les images divines. Derrière une Kwannon de la collection Kaoru Inoué (Kokka n° 253), on aperçoit des montagnes élevées d’où descend une cascade qui vient rouler torrentueuse auprès du dieu imploré par un personnage à genoux. Cette cascade veut sans doute symboliser l’abondance de la grâce divine. Dans son exécution, elle rappelle quelque peu celle du kakemono attribué parfois à Kanaoka que nous avons déjà signalé, ce qui contribue à nous faire attribuer ce dernier au XIIIe siècle et non au Xe.

Les maîtres Song étaient plus préoccupés de rendre le beau plastique que de faire œuvre mystique. Ce souci apparaît dans les œuvres du premier des Takuma qui ait modifié le style de sa famille sous l’influence chinoise : nous voulons ainsi désigner Shôga. Celui-ci aurait été seulement un enfant d’adoption de