secondaires, des Devas du genre de cette Kichijô tennô considérée par le peuple de l’époque comme l’idéal de la beauté féminine. Une œuvre très illustre du temple Yakushiji en Yamato nous montre cette Aphrodite connue également sous le nom de Devi de Buangu, s’avançant gracieuse et souriante, revêtue d’une robe presque transparente qui rappelle, par sa forme ample et ses longues manches, les vêtemens des princesses du sang de l’époque. Elle est nimbée et tient à la main la pêche mystique : seuls ces attributs veulent rappeler son origine divine. On sent que l’artiste s’est efforcé de lui donner une beauté toute humaine (reproduit dans l’ouvrage de Morrison, loc. cit.).
Très proches parentes de cette image de Kichijô-tennô sont
les peintures décorant un paravent de six feuilles du Shôsôin,
(Kokka, no 226, mars 1909). Si l’on en croit une inscription du
registre des offrandes de ce trésor, ce byôbu (paravent) doit être
daté de l’année 756. Certaines parties ont été primitivement
décorées d’applications de plumes, mais celles-ci ont depuis longtemps disparu, et on ne retrouve actuellement que quelques brins
de duvet sur les vêtemens. Les robes, et les coiffures flottantes,
ou formant une sorte de turban, des beautés figurées sont fort
analogues à celles d’une statue de Kichijô tennô, en bois peint,
du Jôruriji. Les visages d’une aimable rondeur expriment une
bonté un peu naïve, l’exécution des draperies est fort souple et
l’attitude générale d’une simplicité en complète opposition avec
la stylisation hiératisée chinoise. En revanche, les paysages servant de cadres aux jeunes femmes sont vraiment Tang dans
leur façon vigoureuse de rendre les rochers et les arbres fleuris.
En ce sens, il est très intéressant de rapprocher ce paravent des
Senzui byôbu (paravens à paysages) postérieurs dont il est
l’ancêtre. Et par là se montre une fois de plus l’admirable continuité de l’évolution artistique japonaise.
En 794, l’empereur Kwammu Ier (782-805) transporta la capitale à Heian, la ville qui devait devenir par la suite Kyôto et ouvrit ainsi l’ère dite Heian-no jidai (794-1185). Politiquement celle-ci se divise en deux époques principales : la première s’étendant de 794 à 885 correspond à l’affermissement de la