exemple le triple pli formé par des lignes concentriques renforcées en vermillon, marquant le cou des divinités.
Les leçons des maîtres coréens n’étaient d’ailleurs pas oubliées.
Au pinceau d’un de leurs élèves, nous sommes redevables du
très intéressant portrait de Shotoku Taishi qui dut être exécuté
sous le règne de Temmu Ier (673-686) et est actuellement conservé dans la collection impériale. M. S. Tajima et M. Morrison,
dans son récent ouvrage, The painters of Japan, en ont donné
de bonnes reproductions. Le grand propagateur du Bouddhisme
est représenté debout ayant à ses côtés deux jeunes princes, tel
un grand prêtre flanqué de ses acolytes. Il est vêtu d’une belle
robe rouge plissée, coiffé d’un bonnet de soie décoré de laque
très caractéristique de l’époque (en usage de 673 à 697 seulement) et tient dans ses mains cachées par de larges manches le
Shaku, sorte de tablette d’ivoire que les nobles portaient autrefois en présence de l’empereur, comme attribut honorifique.
A une ceinture très riche et par l’intermédiaire d’une double
bélière, pend une longue épée droite, à poignée ciselée. Le visage
assez régulier est orné d’une très fine moustache et de rares
poils de barbe. Les yeux fendus en amande et les sourcils très
haut placés répondent bien à l’idéal de beauté extrême-orientale.
Les deux jeunes gens qui l’accompagnent, avec leur chevelure
retombant de chaque côté de la figure sur les oreilles et roulée
en anneaux, ont l’aspect candide d’enfans de chœur de notre
moyen âge. Le portrait est tracé tout entier au trait d’encre, les
ombres sont rendues par des bandes de demi-teinte accompagnant les contours et les couleurs employées sont le pourpre, le
vermillon, l’ocre-noire, le jaune, le bleu-vert et l’argent. Certains noms de peintres de l’époque sont encore très caractéristiques de leur origine coréenne. Tel est le cas pour Komaeshimaro (littéralement : personne maître peintre du Koma) qui fut naturalisé vers 660.
Avec la première moitié du VIIIe siècle s’ouvre pour le Bouddhisme japonais une époque particulièrement glorieuse. C’est celle des souverains bâtisseurs de temples (Shômu Ier : 724-748 ; l’impératrice Kôken) et des grands bonzes prédicateurs revenus