Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 11.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

A L’HEURE SUPRÊME


Mon Dieu, vous avez fait de matières si douces,
Les prés en fleur, les ciels de gloire s’empourprant,
L’or de la feuille morte et le bronze des mousses,
Que seule une adorante extase vous comprend,

Vous avez accompli des miracles si tendres,
Que seule vous conçoit la prière, ô mon Dieu !
Et qu’enfouis déjà sous de précoces cendres,
Mes rêves bien-aimés en trahissent l’aveu.

Laissez-moi donc mourir devant quelque beau site,
Les yeux pleins de votre œuvre et le cœur plein de vous,
Et demeurez propice au peu que sollicite
Le pécheur d’autrefois qui veut s’éteindre absous.


Léonce Depont.