Je prie et ma pensée est si légère et j’ose
Vous implorer, mon Dieu, d’un cœur si familier,
Qu’avec vous le pécheur va réconcilier
Sa vie à votre immense amour trop longtemps close.
Veuillez donc que, devant ce site où sont noyés
Mes yeux dans la douceur d’une enfantine extase,
Ma chancelante foi naïvement s’embrase
Et vous conçoive enfin, si grand que vous soyez.
J’ai tant aimé la vie, ô mon Dieu, que ma cendre,
Quand vous m’aurez exclu du monde des vivans,
Au plus léger soupir de la mer ou des vents
Frémira tout à coup d’un tressaillement tendre.
Vous le savez, mon Dieu, j’ai tant aimé les fleurs,
La verdure, les eaux, la clarté, l’harmonie,
Que mon ombre, parmi les fantômes bannie,
Regrettera jusqu’aux plus atroces douleurs.
Et, s’il est au repos définitif des trêves,
On me découvrira peut-être, quelque jour,
Les mains jointes encor pour implorer l’Amour,
Et les regards levés vers l’Étoile des rêves.
<poem> Le rire ensoleillé des innombrables lames Laisse en nos yeux songeurs un éblouissement, Et notre cœur ému s’imprègne doucement De cette ample harmonie et de ces nobles flammes.
L’écume aux rocs se brise avec de longs sanglots Et des barques s’en vont et glissent, si légères Qu’elles semblent d’un rêve ailé les messagères, Vers le large vibrant de lumineux îlots. <poem>