méthodiquement en devoir de les combler, et ceci prouve à quel point le « système » était pris au sérieux.
Je ne sais si le gouvernement voulut profiter, pour réaliser ses vues, des différends qu’il avait avec la République Argentine et qui l’amenaient à des démonstrations maritimes répétées. Je ne sais non plus si c’est à ces mêmes préoccupations que se rattache la brusque curiosité dont la Direction des Colonies témoigna, vers l’automne de 1843, à l’égard des Malouines où Bougainville avait jadis fondé un établissement et où les Anglais s’établissaient maintenant. Les desseins formés relativement à l’Amérique méridionale demeurent fort obscurs, bien que leur existence soit attestée dans un rapport que le ministre de la Marine soumit au Roi. En revanche, les projets d’établissement sur la route du Pacifique, par les détroits de la Sonde, prirent immédiatement corps.
Des circonstances particulières y contribuèrent d’ailleurs. A la suite de la guerre de l’opium, l’Angleterre venait de signer le traité de Nankin qui ouvrait cinq ports chinois à son commerce et lui assurait en outre la possession de Hong-Kong. Avec ce souci de l’équilibre que nous lui avons entendu invoquer, Guizot entendait obtenir pour la France des avantages du même ordre ; mais s’il pensait qu’une négociation avec la Chine devait légitimement nous procurer l’accès des ports, il estimait que, n’ayant pas fait la guerre, nous n’étions pas fondés à réclamer un territoire : des scrupules subsistaient en 1843 auxquels les diplomates ont renoncé depuis. Force était alors de trouver, en dehors de la Chine, un établissement territorial qui contre-balancerait Hong-Kong, en même temps qu’il rentrerait dans notre organisation de points de relâche. On se mit en devoir de le rechercher. Or, dans les derniers jours de 1842, un médecin, le docteur Mallat, était rentré en France d’un long voyage d’études qui lui avait fait parcourir à ses frais quelques régions d’Extrême-Orient. Séduit par elles, il avait résolu d’y procurer un établissement à son pays et son choix même s’était fixé : c’était au sud des Philippines, dans l’archipel des Soulou, l’île de Basilan. Elle présentait, selon lui, des avantages sans nombre et son enthousiasme devait être fort grand, car, dès cette époque, semble-t-il, ses amis commencèrent à l’appeler Mallat de Basilan. Assiégeant les administrations publiques de ses demandes, il finit, en juillet 1843, par être reçu