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lait en outre, à ce moment, la nécessité de s’assurer des abris dans l’océan Indien. La conduite de M. de Hell fut donc complètement approuvée et, dès le 25 septembre, ordre lui fut envoyé de poursuivre sans délai ce qu’il avait si bien entrepris. Inutile d’ajouter qu’il n’hésita point. En vain l’iman de Mascate lui adressa des protestations en tant que suzerain du Sultanat des Comores dont aurait dépendu Nossi-Bé : Passot repartit encore et prit possession de Nossi-Bé, après avoir en mars et juin 1841, passé des traités réguliers reconnaissant à la France Nossi-Bé, Nossi-Cumba et Nossi-Mitsou, plus la côte Nord-Ouest de Madagascar, côte dont la reine de Nossi-Bé affirmait avoir hérité de ses ancêtres. C’était l’exécution intelligente et complète des instructions venues de Paris. Mais entraîné par les circonstances locales, le capitaine Passot les dépassa. Le sultan de Mayotte n’éprouvait pas moins que la reine de Nossi-Bé le besoin d’être protégé. Repousser ses avances et laisser d’autres Européens s’établir dans son île risquait d’ôter par avance toute valeur à la position qui venait d’être occupée. A l’instigation peut-être de M. de Hell et, en tout cas, avec la quasi certitude de n’être point désavoué de lui, Passot conclut un traité par lequel le sultan de Mayotte déclara céder son pays à la France. En même temps qu’il apprenait l’exécution de ses ordres, le ministre de la Marine se trouvait dès lors en présence des préparatifs d’une annexion supplémentaire et imprévue. La Direction des Colonies applaudit sans réserve et souhaita l’installation immédiate ; le ministre de la Marine peut-être, et, certainement, le Conseil des ministres témoignèrent moins d’ardeur, et, en avril 1841, la question fut réservée.

Ceci n’était pas pour plaire aux bureaux, et d’autant moins que, toujours d’accord avec le gouverneur de Bourbon, nos postes du canal de Mozambique n’étaient à leurs yeux que des étapes préparatoires. Ils guettèrent donc l’occasion d’imposer un nouvel examen de l’affaire et comme de juste ne tardèrent pas à la trouver. On a vu nos opérations sur la côte du Bénin stimuler les ambitions britanniques : peut-être en allait-il de même touchant Madagascar, et d’autant plus aisément que notre excessive prudence administrative multipliait des missions préparatoires impossibles à dissimuler, tandis que les interminables pourparlers interministériels reculaient constamment les résolutions. Toujours est-il que, dans le courant de 1841, une série d’avis