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REVUE LITTÉRAIRE

LE DIX-SEPTIÈME SIÈCLE DE FERDINAND BRUNETIÈRE

Quand un écrivain d’idées, historien, philosophe ou critique, est interrompu par la mort au milieu de son labeur, c’est un pieux devoir de recueillir tout ce qu’on peut sauver de l’œuvre préparée et inachevée. Je n’en dirais pas autant pour l’écrivain d’imagination, poète, romancier, auteur dramatique, dont l’œuvre vit surtout par la forme, et qu’on trahit en nous livrant ses ébauches. Mais les idées ont en elles quelque chose d’impersonnel et qui appartient à tous. Les lignes que devait suivre la construction ont leur vertu ; les matériaux réunis serviront à d’autres. Combien il eût été regrettable que l’Histoire des Institutions politiques de l’ancienne France, de Fustel de Coulanges, n’eût pas été terminée comme elle l’a été, d’après les notes du grand historien, par l’un des plus fidèles dépositaires de sa pensée, M. Camille Jullian ! De même, le dernier volume des Origines de la France contemporaine, consacré au Régime moderne, a été publié après la mort de Taine, par M. André Chevrillon. Tous ceux qu’intéresse l’histoire de notre littérature seront d’avis qu’il convenait de donner au public, dans l’état du moins ‘où l’auteur avait pu l’amener, cette Histoire de la littérature française classique à laquelle travaillait Ferdinand Brunetière, au moment où une mort prévue et prématurée vint le frapper, encore penché sur la page commencée, et lit tomber la plume de ses mains jusqu’au bout diligentes.

Ce devait être l’occupation des dernières années de sa vie. Il en avait, de jour en jour, et quoiqu’il en fût de tous côtés sollicité, remis à plus tard l’exécution. Ce n’était certes pas qu’il reculât devant une