Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 10.djvu/908

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

enfin n’ont qu’à s’incliner. Un cas assez curieux se présente toutefois. Supposons qu’un garçon laitier, qui ne se sent pas la conscience nette, voie déboucher devant lui, à Paris par exemple., un des deux mille inspecteurs chargés de glaner les échantillons suspects. Il avait jadis une ressource suprême : celle de faire un beau geste, à la fois heureux et maladroit, et d’envoyer son lait trop mouillé se précipiter en blanche cascade dans le ruisseau. Du moment qu’il n’y avait ni violence, ni outrage aux agens, la loi du 1er août 1905 ne prévoyait pas de pénalité. Mais un jugement du tribunal de la Seine est intervenu qui a déclaré illicite le fait d’avoir empêché le prélèvement d’un échantillon par les agens compétens.

Cet échantillon, bien entendu, doit être recueilli en quadruple exemplaire, numéroté et cacheté. De ces quatre exemplaires, un seul, désigné simplement par son numéro d’ordre, est analysé immédiatement ; les trois autres sont mis en réserve pour le cas seulement où cet examen préliminaire ferait classer la denrée comme suspecte.

» Une précaution essentielle veut que les agens se procurent, en sus de la marchandise incriminée, un ou plusieurs échantillons de comparaison purs, authentiques et de même provenance. Il est clair que, sans cette précaution, l’on serait amené à des conclusions bizarres. Quoique n’ayant pas quitté encore les généralités, prenons un exemple : un bon vin blanc sec du Bas-Languedoc, bien que coupé d’un quart d’eau, restera encore plus généreux en apparence qu’un petit chablis des plus loyaux. Cependant, dans le premier échantillon, la fraude éclate aux yeux. La règle moderne, en fait de sophistication ou de dol, est de ne rapprocher que ce qui est de même ordre, comme en mathématiques on ne compare entre elles que des grandeurs de nature semblable.

Les laboratoires qui procèdent aux analyses des 70 000 échantillons présentés annuellement sont au nombre de quarante répartis sur toute la France. Mentionnons d’abord le laboratoire central de la rue de Bourgogne, à Paris, puis les laboratoires « municipaux » d’Amiens, Brest, Clermont, Grenoble, le Havre, Lézignan (Aude), Lille, Nice, Nîmes, Reims, Bennes, Rodez, Rouen, Saint-Étienne, Saintes, Toulon et Toulouse. Les mêmes services sont rendus par des établissemens qualifiés de « départementaux » à Marseille et à Poitiers, par le laboratoire