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quelle qu’eût été son éducation, quelle que fût sa situation vis-à-vis de l’Etat, le droit de dire la messe et d’administrer les sacremens ; un troisième, le 16 février, suscité par Windthorst, encore, et ayant trait au rétablissement des revenus ecclésiastiques suspendus. Windthorst, de son mince filet de voix, criait la misère des âmes, demandait ce qu’on avait fait pour appliquer la loi de 1880, quelles facilités on avait données aux ordres religieux, et quels revenus d’Eglise on avait restitués ; il montrait que l’Etat, qui s’était fait octroyer la permission de réparer certaines injustices, en usait peu ; il demandait où en étaient les négociations avec Rome. Puttkamer s’efforçait d’établir qu’il était clément et juste, plus clément et plus juste que ne le disait Windthorst ; il multipliait les chiffres, pour qu’on vérifiât son bon cœur. Il proclamait que sur 2 148 prêtres catholiques qui, au moment de son arrivée au ministère, étaient exclus de l’enseignement religieux, 1 369 avaient été réintégrés par ses soins ; que 953 paroisses vacantes, peuplées de 913 000 âmes, avaient de nouveau connu, au cours des six derniers mois, les bienfaits d’un ministère sacerdotal régulier ; et que les présidens supérieurs étaient autorisés à prélever des subsides sur les biens épiscopaux qu’ils administraient et à rémunérer ainsi les prêtres qui cumulaient avec leur propre ministère paroissial le souci des paroisses voisines. « Le gouvernement, déclarait-il en décembre, observe une attitude calme, expectante, caractérisée par une application continue et obligatoire, mais opportunément indulgente, des lois de Mai. » Et il ajoutait : « Si la possibilité se présente de négocier à nouveau avec Rome, le gouvernement négociera : » Puis, en janvier 1881, Puttkamer, sans se laisser griser, lui-même, par l’optimisme de ses chiffres, reconnaissait tout le premier que, si l’état de choses actuel durait un certain nombre d’années, l’avenir religieux de la Prusse serait trouble ; mais il proclamait avec quelque agacement : « Le remède ne consiste pas dans un orage ininterrompu contre notre législation. » Et sur ces mots, dans la journée du 27 janvier, s’engageait une stérile bagarre des partis. Bennigsen, au nom des nationaux-libéraux, reparlait de l’hostilité de la Papauté contre l’Empire évangélique ; et Windthorst répliquait aux nationaux-libéraux que le Culturkampf datait de plus haut, qu’il datait de Sadowa ; on put croire, un moment, qu’après dix ans d’unité allemande, les vieilles idées