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REVUES ÉTRANGÈRES

À PROPOS D’UN RECUEIL DE LETTRES
DE WILLIAM COWPER


Letters of William Cowper, avec une introduction et des notes de J. G. Frazer, 2 volumes in-18. Londres, librairie Macmillan, 1912.


Il y avait à Londres, vers la fin de l’année 1762, un jeune avocat sans causes, appelé William Cowper, à qui l’un de ses oncles, fonctionnaire important de la Chambre des Lords, avait fait obtenir déjà une petite pension annuelle de 00 livres sterling, pour l’empêcher de mourir de faim. Et lorsque, vers ce même temps, deux emplois se trouvèrent vacans dans l’administration de ladite Chambre, l’excellent oncle s’empressa d’en offrir un à son neveu William, qui tout d’abord se montra profondément ravi de la perspective de pouvoir vivre ainsi de son propre travail. Bientôt, cependant, le jeune homme s’avisa que l’un comme l’autre des deux emplois vacans comportait une part de responsabilité, — ou, pour mieux dire, de « publicité, » — bien pesante pour le pauvre être timide et nerveux qu’il était par nature ; si bien que son oncle, touché de ses scrupules, lui promit de solliciter et d’obtenir pour lui un autre emploi beaucoup moins lucratif que ceux dont les charges l’avaient effrayé, mais ayant sur eux l’avantage de convenir le mieux du monde à son tempérament. Il ne s’agissait plus, en effet, de devoir assister et prendre part aux débats de la haute assemblée, mais simplement de rédiger tout à l’aise, dans le silence et la tranquillité d’un bureau, le compte rendu officiel des séances passées. Cette fois, William Cowper fut trop heureux d’accepter la proposition ; et déjà il confiait joyeusement à ses amis ses beaux