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NOTES
SUR LA
GUERRE DE TRIPOLITAINE

Au mois d’avril dernier, entré en Tripolitaine par Ben Gardane sur le golfe de Gabès, j’ai parcouru la province qui s’étend de la frontière tunisienne à la banlieue de Tripoli. Des événemens de quelque importance se déroulaient sur la côte à cette époque : les Italiens débarquaient à Bou Kamech, le canon tonnait le long du rivage, les dirigeables poussaient de nombreuses reconnaissances dans l’intérieur des terres et lançaient des bombes sur les troupes. Tout l’intérêt de cette guerre surprenante, qui dure depuis huit mois sans aucun engagement sérieux, était concentré dans la région.

Je fus continuellement sur le qui-vive ; il me fut donné de voir et d’entendre bien des choses intéressantes. Toutefois, les notes que j’ai prises, les observations que j’ai pu recueillir sont trop fragmentaires pour que je me hasarde à donner mon sentiment sur l’issue de la guerre. Je laisserai à chacun le soin d’en tirer les conclusions qui conviendront le mieux à ses sympathies.

Mais, à mesure que je parcourais ces territoires désolés, je comprenais de moins en moins, à s’en tenir à l’aspect extérieur du pays, la ténacité que mettaient les deux adversaires, l’un à vouloir s’en emparer, l’autre à le conserver. A part certains îlots de verdure dans la région Tripoli-Homs, à part une bande côtière