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LE DUC D’AUMALE
EN EXIL


Correspondance du Duc d’Aumale et de Cuvillier-Fleury, avec une introduction de M. René VALLERY-HADOT, tome troisième, 1 vol. in-8 ; Plon, 1912.


Il faut savoir le plus grand gré à M. Henri Limbourg de nous aider à reconstituer complètement deux physionomies aussi rares que celles du Duc d’Aumale et de Cuvillier-Fleury. Ces deux noms sont désormais inséparables. Attaché à la personne du Prince lorsque celui-ci n’avait encore que six ans, le précepteur a imprimé sa marque sur l’esprit de l’enfant et, à travers toutes les vicissitudes de la destinée, a entretenu avec l’enfant devenu homme le commerce le plus actif et le plus amical. Pendant les années heureuses et glorieuses, il le suivait par la pensée sur la terre d’Afrique, non sans anxiété, constamment préoccupé des dangers à courir, mais constamment aussi réconforté par l’éclat des succès. Puis, lorsque le vainqueur d’Abd-el-Kader, le gouverneur général de l’Algérie fut condamné à l’exil, l’exilé n’eut pas de correspondant plus attentif et plus régulier que Cuvillier-Fleury,

Leur correspondance dont le troisième volume vient de paraître, mérite de retenir l’attention publique par la qualité et par la valeur morale des interlocuteurs. En parlant des deux premiers volumes, nous avons indiqué ici même ce qui les distingue[1] : l’absence de toute prétention et la sincérité absolue du langage. Le précepteur, qui n’a jamais flatté son élève et qui

  1. Voyez la Revue des Deux Mondes des 15 mai et 15 septembre 1910.